LES ENFANTS, DES « ÉPONGES ÉMOTIONNELLES »
Comment vont mes parents ?
Voilà une question incessante que se posent les enfants. Derrière leur apparente indifférence se profile une vigilance permanente, un indéfectible souci de l’autre. Sans leurs piliers fondamentaux, leur existence pourrait devenir précaire, voire menacée. Si tout va bien, une bonne sécurité de base leur permet de mener une vie heureuse. À l’inverse, quand l’environnement se fragilise, au lieu de s’occuper d’eux-mêmes, les enfants emploient leur temps à tenter de sauver leur socle existentiel : maintenir coûte que coûte en bon état géniteurs, parents adoptifs, autres membres de sa famille, tiers ayant charge d’eux. C’est une priorité absolue. Ils perdent alors leur énergie et santé à vouloir guérir ces autres indispensables. Quelle en est l’origine profonde ? Pourquoi portent-ils tant les souffrances occultes de leur entourage ? Quoiqu’il se soit passé, quoiqu’il arrive, ils aiment et veulent guérir leurs parents.
Dès leur naissance, voire in utero,
les enfants peuvent être ainsi les thérapeutes de leur famille, d’autant que cette dernière va mal. À l’origine de la plupart des difficultés mentales que je rencontre lors de mes consultations, ce processus peut passer inaperçu, car il est rendu invisible par un renversement des rôles parce que ces enfants sont officiellement malades.
LA TRANSMISSION DES TRAUMATISMES
Les enfants, et donc les adultes qu’ils seront, sont héritiers des traumatismes de leurs parents.
Ces derniers, porteurs de ceux de leurs propres parents… une chaîne transgénérationnelle qui fait que, de génération en génération, se transmettent des pathologies agissant
sur le corps, le psychisme et la vie des descendants. On appelle cela des « fantômes ».
Il s’agit toujours de traumatismes
qui, par un ensemble de circonstances, n’ont pu être métabolisés, traversés, élaborés émotionnellement par ceux qui nous ont précédés ; il ne s’agit donc pas tant de secrets, de non-dits, que d’émotionnel. Les fantômes familiaux, exprimés chez les enfants par leurs symptômes, sont toujours en rapport avec des émotions : celles de leurs parents et de leurs ancêtres qui parasitent leur psychisme.
LES FANTÔMES FAMILIAUX
Ces fantômes familiaux
vont avoir trois grandes conséquences chez les descendants quand ceux-ci sont enfants, adolescents ou adultes :
– des maladies psychiques ;
– des passages à l’acte, accidents, suicides et meurtres ;
– des maladies somatiques.
En présence de leurs parents,
par le discours de ces derniers sur leurs propres traumatismes et ceux de leur généalogie, les enfants peuvent être libérés de ces manifestations occultes qui les agitaient jusqu’alors ; ils guérissent de leurs symptômes, parfois de façon spectaculaire.
ANOREXIES DE MÈRE EN FILLE
Le cas qui suit, celui de Julia,
dont l’anorexie s’était développée alors qu’elle était dans le ventre de sa mère, témoigne de cette transmission transgénérationnelle, d’autant que sa mère était anorexique à l’adolescence. Julia, quatre ans, est une enfant très développée au niveau psychique et comportemental, elle est toute fluette. Déjà dans le ventre de sa mère, elle ne se nourrissait pas. Après sa naissance, guère plus. Quelques séances se montreront infructueuses.
Je ne reverrai pas cette famille avant un an et demi ;
puis elle revient pour la même raison : Julia ne mange toujours pas.
Dans la salle d’attente, quand vient leur tour, elle m’observe soudainement avec crainte.
Sa mère, en la regardant : « Tu sais bien que le monsieur ne mange pas les petits-enfants ! »
Depuis que je les ai reçus la première fois, j’ai réalisé – je ne suis pas le seul – qu’anorexie allait souvent de pair avec violences sexuelles et inceste. Abus sur la personne elle-même, sur ses parents, aux générations précédentes.
Pour lire l’article en entier , Reflets n° 49 pages 43 à 45
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