Nous avions déjà rencontré Philippe Guillemant, ingénieur physicien au C.N.R.S., pour son intérêt pour la physique quantique qui l’a amené à la spiritualité [1]. Il mène une recherche fondamentale en physique de l’information visant à réviser notre conception classique de l’espace-temps [2]. Il nous a semblé alors évident pour ce dossier de lui demander le point de vue du scientifique sur le dialogue intérieur.
Qu’est-ce qu’un dialogue intérieur ?
Qu’est-ce qu’un dialogue intérieur ? Ne serait-ce pas ce qu’on entend parfois qualifier de dialogue avec l’ange ou avec l’univers ? On pourrait décliner de nombreuses versions de ce « retour sur soi », dont certaines aux propriétés transcendantes que seule une certaine retenue nous conduit à ne pas présenter ainsi, préférant donc parler de dialogue essentiel ou peut-être inspirant, beaucoup plus acceptable dans un milieu intellectuel où la relation corrige la pensée.
Ne comptez pas sur moi pour vous parler d’un dialogue politiquement correct, qui ne pourrait faire l’objet à mon sens que d’une analyse plus ou moins stérile à force de tourner sans fin autour du pot, comme s’il était un trou noir dans lequel personne n’ose entrer.
Une partie de l’univers est un monde imaginaire où tous les miracles sont possibles
Sauf que les trous noirs, on n’y entre pas comme ça ; ils nous attirent inexorablement à plus ou moins long terme. Je vais moi-même accélérer votre entraînement dans celui qui fait déboucher dans l’autre moitié de l’univers, ce monde imaginaire où tous les miracles sont possibles. Laissez de côté vos réserves et ouvrez-vous à ce que la science physique nous enseigne.
Si vous demandez à un scientifique de base, armé de la meilleure volonté du monde, de bien vouloir donner son avis sur le dialogue intérieur version transcendante, cette méthode de « reliance » à soi qui pourrait favoriser une sorte de « magie de la vie » reposant sur les hasards porteurs de chance ou les synchronicités, sa réponse toute faite sera de qualifier cela de pensée magique, mettant en jeu deux sortes de croyances illusoires :
- l’illusion que notre cerveau pourrait recevoir des informations de « l’univers », qui seraient susceptibles de nous orienter vers des intentions réalisables ; ou mieux encore,
- l’illusion que nous pourrions émettre des informations à destination de « l’univers » ou de son « grand mécanicien », afin qu’il oriente le cours des évènements vers la réalisation de nos intentions.
S’agissant ainsi d’attribuer à l’état de conscience issu du dialogue des capacités extraordinaires couramment agitées par le « nouvel âge niais », ce scientifique s’empressera de corriger une telle croyance en l’attribuant catégoriquement à différents types de biais cognitifs qui nous font dévier de la pensée rationnelle. Comme il existe bien une multitude de tels biais, il aura sans aucun doute raison, mais la question reste de savoir si ces biais couvrent bien 100 % des cas de réenchantement du vécu à l’issue d’un tel dialogue. Or les personnes qui, tout comme moi, ont expérimenté dans la foulée des synchronicités en cascade et excessivement improbables savent d’expérience que de tels biais ne peuvent en aucun cas couvrir l’ensemble du phénomène.
Nos intentions, issues d’un dialogue intérieur, sont capables de provoquer des effets dans notre futur
Maintenant, demandons à un physicien quantique à l’esprit ouvert d’analyser cette réponse réductionniste le plus honnêtement possible, à la lumière des progrès de la physique moderne. Il pourra aisément mettre en évidence que le scientifique de base s’enferme lui-même dans deux types de croyances devenues illusoires :
- l’illusion que tout ce qui arrive est d’ordre matériel, et que nos états de conscience eux-mêmes sont issus d’interactions qui se produisent à l’intérieur du cerveau ; et pire encore,
- l’illusion que tout ce qui arrive émane de la causalité, et qu’il ne serait donc pas possible de relier nos états de conscience à des évènements qui en sont matériellement totalement indépendants.
Notre physicien balayera donc cette interdiction, devenue pseudo-scientifique, qui est faite à la conscience d’avoir des fonctionnalités qui dépassent l’entendement de notre cerveau, en faisant référence au vide et à l’intrication. Il objectera d’une part que le vide étant plein d’informations, nul ne peut considérer la conscience comme réductible au cerveau matériel. Il objectera d’autre part que l’intrication quantique étant un phénomène extensible au niveau macroscopique, nul ne peut affirmer que des phénomènes indépendants au sens de la causalité, comme ici un état de conscience et des évènements extérieurs, ne sauraient être reliés d’une manière qui échappe à toute analyse réductionniste.
Il semblerait donc que nos deux camps soient finalement à égalité et qu’il soit bien difficile de départager l’adepte du dialogue transcendant et le rationaliste ordinaire, afin de déterminer lequel est le plus proche de la raison. Remarquons toutefois que cette indécision repose tout de même sur le refus de considérer les synchronicités comme des phénomènes scientifiquement recevables, sous le prétexte qu’ils sont beaucoup trop subjectifs. Car s’il s’avérait que ces phénomènes étaient au contraire reconnus comme inexpliqués, alors il faudrait bien considérer l’expérience de l’adepte au même titre qu’une expérience scientifique dont les résultats doivent absolument être pris en compte pour faire avancer la science.
Le dialogue intérieur aboutit à une véritable interaction avec l’univers
Mais aujourd’hui, ce déni ne tient plus devant les découvertes de la physique. On oublie le plus souvent que la quantique n’a pas l’exclusivité des grands mystères de la physique dont l’interprétation ouvre à la spiritualité, loin de là. En ce qui me concerne, c’est plutôt l’étude de la physique du chaos qui m’y a largement ouvert en premier lieu, au point que je suis devenu par la suite l’auteur d’une théorie scientifique qui explique comment le dialogue intérieur aboutit à une véritable interaction avec l’univers. Il s’agit bien d’un véritable exercice transcendant de notre libre arbitre, mettant en jeu six dimensions supplémentaires de notre espace-temps qu’il est légitime de qualifier de dimensions intérieures.
Il est ainsi devenu rationnel de penser que nos intentions, pour peu qu’elles émergent réellement d’un dialogue intérieur, sont capables de provoquer des effets dans notre futur qui deviennent à leur tour les causes d’effets dans notre présent, lesquels se présentent sous la forme de coïncidences porteuses d’un sens qui a pour vertu de nous orienter sur notre chemin de vie.
Toutefois, l’inconfort ou la peur de penser hors norme freinera le lecteur qui découvrirait pour la première fois ce nouveau paradigme. Il lui restera beaucoup de chemin à faire avant de pouvoir accepter une telle vérité, car bien d’autres illusions matérialistes sont à dégager avant de pouvoir simplement la mûrir :
- l’illusion selon laquelle notre futur n’existerait pas encore, une croyance effectivement bien ancrée mais incompatible avec la théorie de la relativité, qui nous invite à penser que notre futur est déjà là ;
- l’illusion selon laquelle tout ce qui nous arrive est déterminé mécaniquement, une croyance mécaniste persistante que la cosmologie et la physique quantique mettent pourtant à mal en nous parlant de multivers.
Mes propres travaux scientifiques me conduisent à proposer une version flexible du multivers qui contient les myriades de possibilités alternatives que nous avons de conduire notre vie, par l’exercice des deux propriétés fondamentales de la conscience que sont l’intention et l’attention.
Il s’ensuit qu’un retour sur soi réussi, grâce à un véritable dialogue intérieur, peut réellement faire émerger une intention correspondant à notre destinée idéale, celle qui nous est peut-être promise depuis fort longtemps, mais qui ne parvient pas à s’installer aussi longtemps que nous restons conditionnés par nos pensées, notre ego et nos émotions : ces automates fort utiles, mais qui finissent par nous plomber lorsque nous nous coupons de notre soi et de notre humanité.
Tout ce qui nous arrive dans la réalité extérieure n’est en fin de compte que le reflet de notre vie intérieure
Il nous suffit alors de nous approprier cette intention, issue du dialogue intérieur, pour qu’elle tisse dans l’espace-temps les chemins vers la nouvelle destinée qui nous attend. Encore faudra-t-il que notre conscience soit capable de vivre le temps présent en prêtant attention à toutes les opportunités, en particulier ces fameux hasards qui portent avec eux toute la magie de la vie.
J’aurais tant à expliquer encore et encore pour démontrer la rationalité de cette magie qui n’est ni plus ni moins qu’une technologie de la conscience que nous découvrons à peine, tout comme un enfant au seuil de la puberté découvre à peine comment on fait les bébés.
La meilleure façon de la penser est de s’extraire de l’illusion même de notre réalité, cette véritable caverne de Platon dans laquelle notre cerveau nous enferme en nous faisant croire que la matière, l’espace et le temps existent réellement. Or la physique a accompli suffisamment de progrès pour qu’il soit possible d’affirmer aujourd’hui que le temps, l’espace et la matière n’existent pas et doivent être remplacés par la Vibration, l’Information et l’Énergie, c’est-à-dire la vie (V.I.E.).
Il en résulte que le dialogue intérieur, le vrai, devrait être compris comme le développement d’une faculté nous permettant de jouir de la vie, en ayant enfin compris que tout ce qui nous arrive dans la réalité extérieure n’est en fin de compte que le reflet de notre vie intérieure.
[1]. GUILLEMANT Philippe, « Le futur influence-t-il le présent ? », Reflets, n° 26, janvier 2018, p. 67.
[2]. GUILLEMANT Philippe, Le Pic de l’esprit, éd. Guy Trédaniel.
Cette publication a un commentaire
Un article magnifique!!!
L’autre jour, j’ai acheté ce livre à la Fnac. Savez-vous dans quel rayon il se trouve? Dans “ésotérisme”!!
Je trouve cela honteux.
Heureusement, il a un grand public, mais il faut tout faire pour aider les scientifiques qui relient les sciences et la spiritualité à se faire entendre. C’est le chemin du futur.