Tableau de Pierre Laroche, peintre naïf haïtien
Des dizaines de générations de spirituels chrétiens ont pris comme référence de vie un verset de l’Évangile de Jean où le Christ affirme : « Moi, je suis le chemin, la Vérité, la Vie » (Jn,14,6).
Ces quelques mots sont d’une profondeur abyssale et un élément paradoxal du quotidien de tout être humain. Dieu lui-même se médiatise comme un chemin qui s’incarne dans toutes les personnes vivant sur notre planète. Nous marchons avec un but mais aussi sans but physique car le chemin est aussi à l’intérieur de nous.
Le chemin dans la Bible
Les sources bibliques sont nombreuses sur la nécessité de suivre un chemin ascensionnel avec de fréquentes étapes de remises en question, voire de deuils ou de pertes nécessaires pour s’alléger et mieux continuer. N’est-ce pas le prophète Esaïe qui déclare : « Il y aura un chemin qu’on appelle la voie sainte ? Même les insensés n’y pourront s’égarer » (Es 35,8) ? Un peu plus loin Esaïe nous dit : « Une voix crie dans le désert : préparez le chemin de l’Éternel » (Es 40 :3,4). Cette parole sera reprise par Jean Baptiste à qui l’on demandait qui il était. Il répondit alors : « Je suis une voix qui crie dans le désert : prépare le chemin du Seigneur » (Jn1,23).
Le chemin dans nos vies …l’intériorité au quotidien
Notre chemin de vie est à la fois long et court.
Il est marqué, à chaque fois, par des étapes significatives. Le tableau ci-dessus du peintre naïf haïtien Pierre Laroche en est une représentation symbolique bien sûr. Ce sentier qui court dans la prairie est sinueux puis marqué de coupures pour arriver au pied d’une montagne d’où coule une cascade. Sur cette sente un couple où une femme, le principe féminin qui nous habite, tire par la main un homme chargé d’un lourd bagage. Comment ne pas faire le lien avec nos propres parcours ? Il y a ces moments où nous disparaissons en nous-mêmes sans trop savoir où nous sommes. Cela nous donne le temps et l’opportunité de rentrer au plus profond de nous et de repérer nos failles pour ensuite mieux les dépasser.
Au bout du chemin se trouve la montagne d’où jaillit l’eau vive.
Nous voilà arrivés à nos limites pour percevoir l’ultime destinée de l’être humain ou la montagne du dedans, autre nom du divin. Mais là nous n’existons plus physiquement et nos boulets non plus car nous nous sommes allégés de ce qui entravait notre avancée.
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L’être humain ou le pèlerin permanent
Les pèlerinages « ad sanctos « (les tombes des saints)
remontent en Occident comme en Orient aux premiers temps du christianisme. Ils sont innombrables avec des longueurs allant d’une toute petite distance à des centaines voire des milliers de kilomètres. Si cela était impossible, nos anciens avaient inventé l’itinéraire symbolique du labyrinthe pavé à l’intérieur des églises. La plupart ont disparu au fil du temps. La personne entrait par une entaille latérale et cheminait lentement jusqu’au cœur où était représenté une allégorie biblique.
Ces chemins un peu délaissés en Occident à partir du XIXème siècle
ont repris une vie étonnante ces dernières années, notamment celui de Chartres ou de Compostelle…Signe des temps ? Ou réminiscence d’un passé oublié ? Passé qui fait partie de notre ADN enfoui ? Comme c’est le cas ponctuellement, cette chronique sera la prochaine fois illustrée par une figure bien réelle de marcheur permanent de notre occident, Benoit-Joseph Labre (1748-1783).
Gérard-Emmanuel Fomerand