Notre époque semble difficile et stressante
car beaucoup de repères se sont effondrés.
Et nous voilà en recherche de quelque chose d’indéfinissable …un espoir, d’autres sentiers de vies, une foi nouvelle ? Ombres et lumières se mêlent étroitement dans ce temps paradoxal où notre part de recherche d’infini se mue en dominante numérique. Et la question se pose alors. Quelle spiritualité pouvons nous vivre en cette période de transition dont le terme est sans doute lointain ?
En apparence, le catholicisme autrefois largement majoritaire
s’est effondré. La quantification des pratiquants pose elle-même question. Comment témoigner de la réalité d’une foi par le chiffrage d’une assistance souvent clairsemée alors que la foi, c’est-à-dire la confiance en une réalité qui nous dépasse, est par nature inchiffrable ?
Or la demande spirituelle est bien là
sous des formes mutantes ou paradoxales. Les plate-formes internet fourmillent de guides spirituels, médiums, utilisant les outils du syncrétisme New Âge. Des estimations par sondages indiquent que cinq à six millions de français auraient recours à ces sites. Si l’on ajoute le fait que les français sont les premiers consommateurs d’Europe d’anxiolytiques, nous aboutissons à des chiffres plutôt sidérants de personnes en proie à un mal-être existentiel. Nous approchons du tiers voire de près de la moitié de la population de notre pays.
Et la question revient en boucle.
Quelle foi nouvelle pouvons-nous espérer dans notre Europe occidentale pétrie de près de 2.000 ans de judéo-christianisme ? Nous ne sommes pas en recherche d’une nouvelle religion mais d’une espérance, à un terme que nous ne pouvons pas chiffrer, d’une confiance qui est le sens étymologique du mot foi, ne reniant pas ses sources mais en en renouvelant la saveur. Quelques pistes globales peuvent être ci-dessous exprimées.
RETROUVER NOTRE SOUFFLE
Nous inspirons et expirons environ 22.000 fois par jour. Le flux est continu et ne s’arrête jamais. Nuit et jour il ne cesse de nous relier à la création dont nous sommes l’un des éléments. Cette foi nouvelle, qui s’annonce pour les temps qui viennent, passe tout d’abord par la prise de conscience permanente de l’inspir et de l’expir. Il s’agit avant tout d’une prise de conscience permanente au quotidien le plus prosaïque que le cycle respiratoire n’est que l’incarnation à notre niveau du mystère trinitaire. Oui et même si nous refusons de le voir, l’être humain est un reflet, une image ou une icône du souffle divin que l’on nomme communément l’Esprit Saint.
Les premiers versets de la Bible nous le disent explicitement : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1, 27). Or ce Dieu n’a pas de nom dans l’héritage judéo-chrétien. Il est l’objet de plusieurs appellations dérivées dont la plus utilisée est le souffle ou le Ruha en hébreu ou encore pneuma en grec devenu spiritus en latin. La première marche de cet escalier sans fin est donc la prise de conscience qu’à travers le souffle l’infini nous habite. Nous devenons porteurs de l’Esprit Saint sans le savoir forcément consciemment.
PACIFIER NOTRE VIE
La paix est au cœur des Évangiles notamment celui de Luc quand il évoque la naissance du futur Jean Baptiste. Il fait dire à son père Zacharie qu’il serait le prophète du Très Haut pour nous conduire sur les chemins de la paix (Lc1,79). Un autre témoignage nous vient du fin fond de la Russie du XIXème siècle où un ascète au nom de Seraphim de Sarov disait à ses visiteurs : « Fais la paix en toi et une multitude sera sauvée ». À nous de le mettre en pratique !
REDÉCOUVRIR L’INTÉRIORITÉ
C’est peut-être là que se trouve la marche ultime de cette foi nouvelle que nous attendons. Notre société vit au rythme des images et des modes dans une extériorité qui est devenue une sorte de doxa. Si nous savons faire, ne serait-ce qu’une parenthèse de quelques dizaines de minutes chaque jour, pour nous asseoir, et regarder où discerner ce qu’il y a au plus profond de nous, peut-être au fil du temps nous verrions d’autres horizons. Et si l’on osait ce pari ?
Gérard-Emmanuel Fomerand