Psychothérapeute jungienne, Annick de Souzenelle a consacré sa vie à l’étude, la traduction et la méditation des textes bibliques. Dans son dernière ouvrage « Le Grand Retournement » (éditions le Relié), consacré au chapitre V de la Genèse, l’auteur nous fait cheminer aux côtés des Patriarches, depuis Caïn et Abel à Noé, à travers l’histoire de l’humanité ; jusqu’au 7ème mois de cette gestation symbolique de l’être humain qui nous invite à un changement radical de dimension intérieure.
Qui sont ces ancêtres que vous avez en quelque sorte « rencontrés » ?
Je me trouvais à Safed, patrie des kabbalistes, lorsque j’ai fait le songe rappelé en introduction du Grand Retournement (NDLR : « Tu ne quitteras pas ce pays sans avoir rencontré ton grand-père », disait ce songe). Les kabbalistes sont presque tous enterrés dans ce petit cimetière que j’ai parcouru religieusement le lendemain matin me demandant si c’était charnellement que je descendais de l’un d’eux. Je ne me connais pas d’ascendance juive, mais cela ne constitue pas une preuve. Il semble que le langage du rêve rende plutôt compte d’une autre dimension : « Dieu nous parle par songe », est-il dit à Job. Et je crois que mon ancêtre relevait d’une famille spirituelle ; de cette qualité de famille aussi le rêve m’apportait la connaissance, ce qui a été une force parce que, dans le monde, j’étais très seule.
Tout cela veut dire, sur le plan anthropologique, que tout être humain a deux origines, l’une que je qualifie d’animale car elle relève de la création du cinquième jour de la Genèse, et l’autre d’origine divine, celle-ci plus connue mais non encore vécue – sauf par les grands saints de toutes les traditions – qui relève de la création du sixième jour de la Genèse et qui fait de nous des Adam.
Pouvez-vous préciser ce regard nouveau porté sur l’anthropologie ?
Il m’est très difficile dans un échange comme le nôtre qui se veut simple, de résumer ce que j’ai écrit dans Alliance de Feu, édité chez Albin Michel en deux tomes de 700 pages environ chacun.
Pour dire l’essentiel des choses, je comparerais la création divine à un grand expir divin, Dieu se vidant de lui-même d’une richesse au bout de laquelle l’un des vivants créés, l’Adam, accepte de se charger de l’inspir.
Appelé « Adam » – ce qui veut dire « de sang divin » – cet animal qui a accepté la lourde tâche d’assurer l’inspir divin, cet animal devenu humano-divin est l’Homme, qui est alors créé une deuxième fois, mais alors en qualité d’« image de Dieu », et, comme telle, « mâle et femelle ».
L’Adam se révèle être maintenant le féminin de Dieu et être appelé à faire œuvre mâle en son propre féminin qu’est le reste du vide divin dont il s’est chargé. C’est ici que se précisent les données anthropologiques du Livre de la Genèse.
Je résume : l’Adam, dernier des vivants dont Dieu se vide comme dans un expir, se charge de l’inspir, soit de reconduire à Dieu la totalité de ce dont Dieu s’est vidé. Créé animal au cinquième jour de la Genèse, il vit alors au sixième jour une création nouvelle qui le fait « image de Dieu », c’est-à-dire recevant en lui-même une semence divine qu’il aura à faire croître – ce qui le fait aussi femelle par rapport à Dieu et mâle par rapport à son propre féminin fait de toute la création dont il s’est chargé pour la reconduire à Dieu.
Notre humanité toute entière est saisie par un bras puissant
Nous, aujourd’hui, nous ne connaissons encore que l’homme animal, dont très peu d’êtres se vivent « image de Dieu », même si leur mental le sait. Mais la réalité ne se vit pas dans le mental, c’est dans une actualisation expérientielle qu’elle se joue. C’est pourquoi il m’est très difficile de vous parler de ce qui n’est pas vécu, de ce qui n’est pas objet d’expérience. Et les mots ont été employés dans de telles confusions qu’il est difficile de les arracher au sens qui leur a été donné pour les remettre dans leur vraie lumière.
Pouvez-vous donner quelques exemples de cette confusion ?
Le plus lourd est le nom de « Ishah » vulgairement donné à la femme par rapport à l’homme animal que nous sommes. Or Ishah est le féminin intérieur de l’Adam qui, lui, est homme et femme. Ce féminin intérieur est redécouvert aujourd’hui sous le nom d’inconscient.
Lorsqu’Ishah se retrouve seule devant le serpent – Satan, qui vient vérifier si l’Adam est devenu capable de commencer le chemin ou s’il doit retourner en arrière -, ce n’est pas la femme appelée Ève à la suite de ce drame qui se présente mais Ishah, soit un Adam confondu avec son inconscient, totalement inattentif à l’information reçue de son Dieu. Aussi mute-t-il en régression – jamais Dieu ne condamne à mort ! Et lorsqu’il s’adresse à l’Adam, ce n’est pas pour le condamner mais pour lui montrer les conséquences inévitables de son erreur, eu égard aux lois du créé. Et cela jusqu’à ce qu’il se retourne. Ce retournement proposé est aussi le terme de l’errance et de l’esclavage dans lequel l’Adam s’est vu reconduit. Ce verbe Tashoub (prononcer Tashouv) « Retourne-toi ! » est une instante prière de Dieu faite à l’Adam pour qu’un jour il se retourne vers son Ishah et reprenne le chemin ontologique (Gen 3,19).
Voici deux exemples de mots, Ishah et Tashoub, qui ont été compris dans un sens complètement faux. Et il y en a beaucoup d’autres. Je me permets alors d’ajouter que sans doute beaucoup plus d’êtres humains que nous le pensons ont fait dans leur personne ce grand retournement et construit le levain d’une pâte qui s’apprête aujourd’hui à lever ; et peut-être aussi notre Dieu aime-t-il l’humanité, son épouse, d’un tel amour qu’il l’arrête avant qu’elle ne saisisse le fruit de l’Arbre de Vie, car aujourd’hui, à n’en pas douter, cette grande Teshoubah, ce « grand retournement » se profile. Notre humanité tout entière est saisie par un bras puissant (cavod en hébreu !)
Œuvre humaine de la lente formation d’un levain pour l’humanité
Œuvre humaine de la lente formation d’un levain pour l’humanité, œuvre divine qui intervient avant qu’il ne soit trop tard … N’est-ce pas là l’histoire de l’humanité que nous révèlent ces patriarches que vous avez retrouvés dans la Bible ?
Il y a, vous le savez bien, l’histoire et l’Histoire qui correspondent à des réalités d’ordres différent : celle de la création est mythique, ce qui veut dire parfaitement réelle mais d’une réalité autre pour laquelle nous n’avons qu’un langage approchant. Celle des patriarches en fait partie mais, à un moment, elle glisse aussi sur l’historique que nous connaissons. Et c’est là que commence une concordance assez fascinante entre ce que permet de lire la Bible depuis environ 10 000 ans avant notre ère et ce que découvrent les archéologues et anthropologues aujourd’hui. Lorsque j’ai repris la plume ces derniers mois, je n’ai pas cherché la confirmation – ou l’infirmation- de ce que je découvrais, ne pensant alors que prendre des notes personnelles. Lorsque ces notes personnelles prenant consistance se sont orientées vers leur édition, j’ai poursuivi mon étude sans revenir en arrière, et ce n’est qu’aujourd’hui que me tombent sous les yeux les travaux d’Anne Lehoërff, archéologue et anthropologue, études réunies dans un petit livre de la collection «Que Sais-je » intitulé Le Néolithique. L’auteur fait remonter cette période de l’histoire à environ 10 000 ans avant notre ère, comme marquant « un vrai début de nos sociétés allant de pair avec un début de réchauffement climatique, et sur un autre plan, l’inauguration de la domination masculine ». En un mot, une grande part de ce qui fait écho à ce que je découvrais de mon côté !
«Inauguration de la domination masculine », que voulez-vous dire ?
Le néolithique, dit Anne Lehoërff, serait comme un vrai début de nos sociétés ! Elle met l’accent sur l’augmentation progressive de la population, sur les nouvelles sociétés agricoles et l’autorité grandissante des hommes pour un bon ordre du monde, les femmes s’effaçant dans la vie domestique, mais aussi dans celle de l’évocation des mystères de la vie – dont le côté sombre ne leur serait pas étranger !
De quoi ce côté sombre est-il constitué ?
Vie et mort sont jumelles ! Dans l’ontologie des profondeurs de l’Adam, elles sont jumelles et cette part ontologique affleure inconsciemment mais constamment dans l’humanité ! Et la confusion entre Ève et Ishah dont je viens de parler en est un des signes les plus clairs.
Qu’a fait l’humanité d’elle-même depuis ces premiers temps du néolithique ?
Pour répondre à votre question, j’expose rapidement l’hypothèse qui a présidé à ma lecture biblique, à savoir : regarder l’humanité comme un fœtus dans la matrice cosmique et les six premiers patriarches comme présidant aux six premiers mois de gestation. Adam, premier patriarche, donne son nom à toute la lignée. Il a deux fils Qaïn et Habel, et [voici] le commencement des jalousies, des rapports de force et de ce que nous appelons aujourd’hui le règne de la logique binaire ; et le vainqueur crée des villes, des civilisations. C’est là le début de ce que notre archéologue appelle le « néolithique », soit celui d’un nouveau travail de la pierre ; mais on peut aussi entendre créations mentales, philosophiques, idéologiques… de plus en plus intelligentes. Si intelligentes que le fœtus du cinquième mois, Mehouyaël, nous dit qu’il « oublie Dieu » – car tel est son nom. La mémoire qu’il avait de son Dieu à travers des rituels chantés et dansés s’est affadie au bénéfice des idoles qu’il s’est créées à partir de ses œuvres. Mais vers la fin du cinquième mois, le nom de Mehouyaël devient Mehiyaël, une lettre – yod en hébreu, symbolisant le Saint Nom (YHWH) – s’est introduite dans l’écriture, symbolisant le retour du divin. Et si le sixième mois commence, comme je le montre, par la naissance du Christ, le cinquième patriarche devenu Mehiyaël semble indiquer le surgissement d’une authentique spiritualité autour du VIIe siècle avant notre ère avec les prophètes en Israël, le Bouddha en Inde, Lao-Tseu, Zoroastre, et tant d’autres. Et tous sont là comme pour préparer l’Adam à recevoir le divin qui va venir se glisser avec une discrétion étonnante dans le tissu encore animal de l’humanité.
Pourquoi l’humanité ne s’accomplit-elle pas alors au sixième mois ?
Pourquoi l’humanité ne s’accomplit-elle pas alors au sixième mois ? Les textes ne disent-ils pas : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » ? Le ciel est-il resté étranger à l’Homme à ce moment-là ?
Vous citez les premiers Pères, saint Irénée en particulier, qui à ce moment des premiers temps de l’Église sont encore proches des textes sacrés, le psaume 82 du premier testament et saint Jean rapportant les paroles de Jésus : « Vous êtes tous des Elohim – des dieux » ?
Mais pour répondre à votre question je vous demanderai à mon tour pourquoi un enfant totalement achevé sur le plan anatomo-physiologique à la fin du sixième mois ne naît-il pas ? Pourquoi reste-t-il encore trois mois dans le ventre maternel ? J’ai toujours répondu dans mon cœur à cette question en me disant que l’enfant devait recevoir en ces trois derniers mois une information supplémentaire et d’un ordre beaucoup plus subtil, sans doute concernant sa vie spirituelle. D’ailleurs Marie, venant de recevoir la visite de l’ange au sixième mois de l’année et allant voir sa cousine Élisabeth, alors enceinte de six mois, le confirme lorsque l’Évangile nous dit que, dans le ventre d’Élisabeth, « l’enfant bondit à la vue de son Seigneur ». Je ne pense pas que l’on puisse dire que le ciel soit resté étranger à l’Homme à ce moment-là, mais je renverserais volontiers la proposition et dirais que l’Homme est alors resté très étranger à son Dieu !
D’après votre méditation, nous sommes parvenus au temps de Lemek
D’après votre méditation, nous sommes parvenus au temps de Lemek, septième mois de gestation de l’humanité, et la mutation s’accomplit aujourd’hui. Nous sommes secoués par des épreuves que nous ne comprenons pas plus que les Hébreux avant le grand départ, mais qui nous « sculptent le cœur » dites-vous. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’épidémie qui secoue la planète ?
2100 ans après la naissance du Christ, qui fait l’an zéro, c’est aujourd’hui. Aujourd’hui aussi que s’achève l’ère des Poissons et s’ouvre celle du Verseau, symbole de connaissance.
J’ouvre une parenthèse pour résumer ce que je vois se jouer aujourd’hui. Nos lettres de l’alphabet, nées de ce que les Hébreux appellent les Grandes-Lettres-d’en-Haut, le Verbe divin, sont des idéogrammes, dont le premier exprimant la lettre « A » est la tête d’un animal cornu dont les cornes vont chercher les informations à la verticale ; elles vont maintenant chercher ces informations à l’horizontale. C’est intéressant d’entendre et de voir le coronavirus nous inviter à redresser nos cornes. Je referme cette parenthèse.
C’est pour donner naissance à ce « fils de l’homme » que nous sommes aujourd’hui retournés
Mais en réalité, pour ne pas dire autre chose car tout fœtus au début du septième mois de gestation se retourne dans sa matrice – et le grand fœtus adamique est aujourd’hui retourné – une immense mutation se prépare. L’humanité a peur, d’une peur dont elle ne conscientise pas encore la nature de l’ogre qui la mange et qui deviendra sa puissance d’intégration. Elle réagit dans son mode encore dualiste par une violence destructrice inquiétante mais aussi par une solidarité, un communautarisme jamais vus. Elle est retournée car elle ne sait pas se retourner, et c’est parce qu’elle va à la mort que ce retournement, agi d’en Haut, la sauve. Pour dire vite, elle actualise le mythe de l’exil et mange le fruit de l’arbre de la connaissance qu’elle a fait mûrir par la seule voie extérieure sans l’être devenu ; elle est alors arrêtée maintenant qu’avec ses travaux pour éradiquer la mort elle touche à l’Arbre de vie, au niveau de la tête. Le verset de la Genèse concernant cette étape est formel : « Empêchons le … » (Gen 3, 22). Nous sommes empêchés comme un père aimant empêche son enfant de se noyer en le rattrapant par les cheveux.
Cette « irruption du divin » nous arrête, dites-vous. Le vaccin n’est donc pas pour demain ?
Je ne crois pas que le vaccin, qui déjà dans une logique ternaire est contraire à ce qui se joue entre l’homme et le microbe qui n’est alors qu’adversaire et non ennemi, puisse jouer contre l’œuvre divine !
Ce qui arrêtera cette pandémie sera un changement radical de niveau de conscience – cela est symbolisé par une décapitation. Jean-Baptiste, « le plus grand parmi les fils de la femme » dit le Christ, Jean-Baptiste est décapité. Symboliquement, il recouvre une tête nouvelle dans la personne de Jean l’Évangéliste qui est alors reconnu comme « fils de l’Homme » par Jésus lorsqu’au pied de la croix il est présenté à Marie comme étant son fils, et Marie lui étant confirmé être sa mère. Nous ne sommes plus ici dans un langage d’exil car Marie est l’Adam totalement accompli.
C’est en effet un langage difficile à comprendre ! Que dit le virus de notre anthropologie ?
Que l’humanité a un virage radical à prendre, mais pas à l’horizontal, à la verticale.
Je viens d’introduire les notions de « fils de l’Homme » et de « fils de la femme » dont aucun catéchisme ne nous a parlé jusqu’à aujourd’hui. Je ne sais pas quel terme hébreu le Christ a employé pour parler de l’enfant qui naît de notre retour à l’état animal en situation d’exil, sans doute est-ce celui de Hawah (prononcer Rawah, Ève) qui donne la vie animale, alors que le « fils de l’Homme » dans le langage divin a dû être « fils de l’Adam ». En tout Adam – homme ou femme – en effet, la fonction matricielle est assumée par son « autre côté » qui, s’il est Ishah en sa qualité d’épouse, est appelé « Adamah » en sa qualité matricielle ; cet unique féminin est lourd de la semence divine fondatrice de l’Adam, image de Dieu, portant l’information de son devenir.
Ishah-Adamah se présente ainsi comme étant la crèche, puis le temple de chaque être humain, nidifiant l’enfant divin que chacun de nous est appelé à devenir.
C’est pour donner naissance à ce « fils de l’Homme » que nous sommes aujourd’hui retournés, invités à revenir en Eden et à recouvrer notre ontologie première.
L’humanité vit là quelque chose de grandiose, de redoutable aussi, compte tenu du réactionnel que cette totale dé-sécurisation dans un premier temps commence à instaurer ; et je crains que l’on ne puisse éviter cette étape encore très « animale », non pas au sens péjoratif du terme, mais au sens impulsif, imprévisible, lorsque nos animaux de l’âme, non travaillés et alors affolés, ne savent que détruire.
Ce travail sur nos « animaux de l’âme », la psyché, constitue donc un élément central de l’anthropologie nouvelle que vous proposez…
Il n’y a pas plus ancien que cette anthropologie proposée par les premiers Pères de l’Église, mais oubliée. Origène, Évagre le Pontique, et même plus tard encore, au IVe siècle, Eusèbe de Césarée nous mettaient en garde par rapport à ces animaux de l’âme, et, de mémoire, je cite Eusèbe concluant cette nomenclature animale en disant : « … et chacun hennit après la femme de son voisin » !
Notre Ishah intérieure, notre inconscient, est habitée de ces énergies sauvages dont la violence peut nous tuer ! Les lois religieuses invitent à en devenir maître, mais nous savons combien, dominées un jour, elles peuvent échapper à notre vigilance le lendemain ; ou refoulées un autre jour, faire des dégâts encore plus considérables. Les sciences humaines nous ont amenés à descendre en nous-mêmes pour mieux connaître et mieux maîtriser ce petit monde libéré de culpabilisations paralysantes. Mais lorsque le Christ invite Nicodème à épouser son Ishah, appelée Adamah dans sa qualité de mère pour naître une seconde fois, c’est pour aller plus loin encore. Il s’agit alors de remettre à un moment l’animal maîtrisé dans les mains du Seigneur intérieur à chacun.
Comme le Christ s’est incarné, des hommes et des femmes se sont transfigurés
La venue du Seigneur est cependant intimement liée au nécessaire surgissement chez l’homme d’un amour infini, purificateur de l’événement qui a fait se déchaîner l’animal, car « seule la force de l’amour permet les mutations » dit le Cantique des cantiques (8, 6). Mais la qualité de cette force est encore peu connue ! Elle n’est pas un sentiment, elle est comme une arme bien concrète qui purifie toute situation pathologique. C’est très difficile à décrire ! Mais seule elle est source de mutation venant de la part de l’homme. Le Seigneur fait la mutation. Et c’est comme si un coup de baguette magique transformait soudain l’animal porté sur l’autel de feu de cet amour en information, faisant croître l’Arbre de la connaissance que nous sommes et dont nous avons à devenir le fruit. Cette opération est illustrée dans les mythes par le surgissement du Phoenix, soudain né des cendres de l’animal et constituant l’inspir divin.
C’est ce travail qui mène à la transfiguration ?
Oui, c’est en effet ce travail de mutations successives qui peut mener l’homme, ce grand Adam, à sa transfiguration, son devenir divin. Les sciences mettent bien aujourd’hui l’accent sur la non-discontinuité entre la matière et l’esprit, comme entre l’esprit et la matière. Et comme le Christ s’est incarné, des hommes et des femmes se sont transfigurés. Le long de ce chemin de transfiguration, tout se passe comme si nous recevions une nouvelle tête soudain mise sur nos épaules au fur et à mesure de ces mutations de l’énergie animale en information.
Vous avez parlé plus haut de « décapitation »… or l’actualité tragique récente est celle d’un enseignant accusé de blasphème, décapité par un terroriste islamiste…
Oui, il y a là une synchronicité qui me bouleverse. Au moment même où Samuel Paty était décapité, mon livre sortait de l’imprimerie. Or il se termine par une invitation à la décapitation symbolique. Car le chemin que nous venons de parcourir et auquel invitent les événements qui bouleversent le monde est celui de l’urgence d’un changement de niveau de conscience. Non pas changement de morale, mais participation à des niveaux de Réel autres. Ils sont symbolisés dans la Bible par des décapitations.
« Ô peuple à la nuque raide !» déplore le Seigneur. David tranche la tête du Philistin, Judith celle d’Holopherne, Hérodias fait décapiter Jean-Baptiste, et il n’y a pas si longtemps le peuple français excédé coupe la tête du roi… C’est là, dans ce dernier exemple et de la part du peuple, une demande de changement inconsciente de sa propre tête.
Et je crois que c’est cela même qui se passe aujourd’hui. La tête des peuples, celle du grand Adam est comme coupée. Une nouvelle conscience est proche de l’éveil. Elle ouvrira sur un nouveau paradigme dont le langage est si nouveau qu’il est encore totalement incompris et qu’il est difficile d’en parler ! Il nous faut pour cela un « grand retournement » dont nous ne vivons que les prémices !
Entretien réalisé par Laure de Germiny.
Cet article a 5 commentaires
Impressionnant !
Merci de nous éclairer ainsi !
En route pour l’Essentiel ! La Vie !
merci pour votre retour
Cet article est saisissant! Cela donne envie de lire tous les livres que cette merveilleuse femme a écrits!
Mais que de temps faudrait-il pour le faire!
Alors, heureusement qu’il y ait des articles dans la revue Reflets sur elle qui résume un peu !
Merci pour vos compliments
Grâce à elle, j’ai compris beaucoup de choses. Ses écrits devraient être étudiés dans l’église catholique qui, malheureusement, traduit encore les textes au 1er niveau de lecture, quand il n’y a pas erreur d’interprétation !
A être coupés de leurs “racines ciel” et en étant dans l’infantilisme,, les gens vont alors voir ailleurs…