Vézelay, magnifique petite ville perchée sur une colline, célèbre par sa basilique Sainte- Marie-Madeleine qui veille sur les pèlerins de Compostelle. C’est là que nous rencontrons Frédérique Lemarchand, qui habite dans le dédale des maisons vigneronnes et des jolies demeures Renaissance. Quel parcours pour cette peintre inspirée ! Une malformation cardiaque lui donnait une espérance de vie limitée à l’enfance. Malgré les épisodes de santé les plus éprouvants, elle arrive à l’âge de 35 ans où elle reçoit une greffe coeur-poumons et vit une expérience de mort imminente, embrasée d’un amour… inexprimable. Ce fut le tournant de sa vie et de sa peinture.
Qu’est-ce qui vous a amenée à la foi ?
C’est mon retournement intérieur,
parce qu’à l’extérieur, je n’arrivais pas à assouvir mes questions Donc, très tôt, j’ai senti que les réponses étaient à l’intérieur.
La maladie, comment est-elle arrivée ?
La maladie a été détectée à ma naissance.
Il y a eu beaucoup de déni au départ, on a fait comme si je n’étais pas malade. Sauf que la maladie a pris de l’ampleur. Quand j’ai été diagnostiquée, j’avais 12 ans et je devais mourir dans les trois mois. Mais je ne suis pas morte. Ce sont mes parents qui ont reçu ce message. Ma mère était seule. Mon père l’a su après et ça l’a rendu complètement mutique. Ma mère a versé dans la folie. Je l’ai appris par inadvertance, en écoutant derrière une porte.
Votre maladie, comment se traduisait-elle ?
C’était une hypertension artérielle pulmonaire, avec des essoufflements, des hémorragies internes et de grosses douleurs au cœur. Pour les autres, c’était très impressionnant. Mon caveau était prêt, tout était prêt. Tout le monde était très pragmatique. C’était très lourd à gérer ; il fallait que ça aille très vite et ça n’en finissait pas de ne pas mourir. Donc c’est devenu infernal. Mes parents étaient pauvres, sans recours spirituel. Tout était compliqué, payer le caveau, et beaucoup d’autres détails. J’ai dû me débrouiller. J’avais 14 ans.
Des infirmières super sympas m’ont prise chez elles. Puis, je suis revenue chez mes parents. Je n’avais plus de place, pas de couverts à table. J’étais morte, un fantôme parmi les miens. Je ne leur ai pas dit quand j’ai été greffée. Ils l’ont su quand c’était fini. Maintenant que j’ai été greffée, on a renoué, mais on n’en parle pas. C’est comme si j’étais une autre, du coup, c’est plus simple. Je passe pour une Cosette. J’étais bercée par le silence et par des défunts, une grand-mère que je n’ai pas connue. J’avais des tuteurs intérieurs. Le silence ne me faisait pas peur, la solitude non plus. Je me sentais très bien, même si j’ai mis du temps avant de comprendre que je n’étais pas rejetée. C’est juste que cela faisait partie de mon parcours spirituel initiatique.
Pendant vos quarante jours de coma, que s’est-il passé ?
J’ai croisé des personnes qui ont fait des expériences négatives dans les comas.
En fait, je pense que ces expériences sont rares, mais que cela tient à leur décryptage, comme pour les rêves.
À la suite d’expériences négatives, certaines personnes sont complètement suicidaires,
elles ne veulent plus vivre et en même temps mourir leur fait peur. En décryptant, on voit que ce qu’elles prennent comme un monstre des profondeurs, c’est un mariage avec leurs énergies profondes pour rencontrer leur ombre. Plus cette ombre est intégrée, plus elle sera réunifiée et plus elle va s’épouser. Du coup, le fait d’en parler leur est très utile. Pour ma part, j’ai connu des expériences de l’ordre du cauchemar. Annick de Souzenelle m’a permis de les décrypter, sinon je n’aurais rien compris non plus et je me serais victimisée.
Quand j’ai traversé tout ça, une dame de l’aumônerie a plongé ses yeux dans les miens
dès que je me suis réveillée et m’a dit : « Tu es restée quarante jours dans le coma. Tu as été greffée le jour de Notre-Dame de Lourdes. Je pense que nous aurons des choses à nous dire après. » Je ne comprenais pas, mais elle m’avait donné un peu d’élan. Du coup, j’ai commencé à parler aux médecins : « Mademoiselle Lemarchand, on m’a dit que vous entendez des voix, nous allons faire passer le psychiatre. » J’étais revenue pour parler et pour témoigner, mais j’ai compris qu’il valait mieux me taire. C’est terrible pour tous ceux qui font des expériences de mort imminente : les familles ne les reconnaissent pas. On devient comme étranger. On n’est plus dans un amour possessif et les gens ne comprennent pas : « Tu ne tiens plus à moi ! » Non, c’est que je t’aime vraiment. Du coup, ça bouleverse tout. Souvent, ils sont tellement maltraités qu’ils meurent très vite parce qu’ils ne sont pas du tout écoutés.
Quand j’ai vu les doses qu’on me donnait et que je ne prenais pas,
sur ma tablette est apparue Annick de Souzenelle, je me suis dit : « Ce sont les Anges », l’initiation. Je ne la connaissais ni d’Ève ni d’Adam. Elle parle le même langage que moi. Je comprends tout. Cela m’a aidée à remettre mes vêtements. Avec Annick, nous nous sommes tout de suite entendues.
EXPOS À VENIR Du 24 au 26 septembre : exposition, festival Les Jours de Lumière, Saint-Saturnin (63)
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Une vie et une conception de la vie bouleversantes!
Merci à Reflets de nous présenter une personne aussi touchante et inspirante!