Les Exercices spirituels de saint Ignace, un joyau chrétien méconnu
ENTRETIEN AVEC LE PÈRE PAUL LEGAVRE
Paul Legavre est jésuite. À Vanves, il a désormais essentiellement un ministère d’accompagnement spirituel, et il donne les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola.
Le mot jésuite fait partie du vocabulaire commun et pourtant peu de personnes savent aujourd’hui ce que cela veut dire.
Notre fondateur, Ignace de Loyola, vivait à la Renaissance. Il a fondé un nouvel ordre religieux qui s’appelle la Compagnie de Jésus. Notre nom effectif est donc compagnons de Jésus. Le terme jésuite est apparu probablement du vivant de saint Ignace avec une connotation péjorative pour parler de notre manière d’être. Depuis quelques décennies, nous-mêmes nous parlons de nous comme des jésuites. C’est un nom qui se réfère à Jésus et cela nous va ! Les jésuites sont des hommes qui ont fait une expérience de Dieu qui les a marqués, notamment au travers d’exercices spirituels, et qui rejoignent un groupe d’hommes au service de la mission du Christ dans le monde.
Au cœur de la pratique jésuite se trouve un trésor de la spiritualité chrétienne, les Exercices spirituels de saint Ignace. De quoi s’agit-il ?
Ignace est un Basque espagnol
qui vit à la fin du XVe et début du XVIe siècle. Après une vie de jeunesse à la cour royale, il est blessé grièvement à une jambe par un boulet de canon lors d’un siège. Au cours de sa convalescence, un lent travail intérieur s’accomplit. Sa vie extérieure est brisée, il se trouve dans une impasse. C’est encore un jeune homme plein de vitalité et de fougue. Il était très amoureux, dans son imaginaire, d’une dame de sang royal de la cour, pour laquelle il aurait aimé faire des exploits. Après être passé près de la mort, et sur son lit de souffrance, il demande à lire des livres de chevalerie, rares à l’époque. À défaut, il lui est donné pour lecture La légende dorée de Jacques de Voragine et Les Évangiles. Progressivement une mutation se produit en lui, et il se trouve devant une alternative : faire des exploits pour la Dame ou faire des exploits pour Dieu comme les saints de La légende dorée.
Il constate que les pensées inspirées par la chevalerie
le laissent sec et mécontent, alors que les pensées inspirées par les textes sacrés le laissent allègre et content. Il se rend compte que désirer faire des exploits pour Dieu est moins imaginaire que des exploits pour cette dame inaccessible. Il a comme projet, après son rétablissement, d’aller nu-pieds à Jérusalem en quémandant de quoi vivre. C’est ce qu’il va faire. Il va commencer une vie de pénitence et de remise en question du passé qui le hante. Il va lui falloir passer de l’extérieur vers l’intérieur, de l’exploit extérieur pour Dieu vers une expérience intérieure. Il commence à s’étonner des sentiments qui l’habitent et de la diversité des esprits qui sont en lui. La conversion qu’il vit lui fait comprendre que ce n’est pas lui-même qui se sauve par ses exploits, mais que le salut est intérieur et accordé par Dieu. Il découvre la boussole de la Joie.
En s’interrogeant sur le sens de son existence,
il perçoit qu’il doit aider les hommes et les femmes dans leur combat intérieur – c’est là l’A.D.N. des jésuites : « Aider les âmes ».
Après un pèlerinage à Jérusalem,
où il ne peut pas rester, il décide d’étudier, pour pouvoir mieux aider autrui et se protéger de l’Inquisition. Ce qu’il propose, c’est un véritable chemin spirituel et pas simplement devenir un « bon chrétien ».
Il commence à réfléchir et à écrire des exercices spirituels,
un chemin qui fait entrer dans une dynamique de conversion, à l’aide de la Bible : des balises concrètes pour un chemin de purification par rapport à tous les désordres de notre existence. Il s’agit d’ordonner notre vie à Dieu, de contempler le Christ dans sa manière d’être au travers des Évangiles pour que ce soient les valeurs du Royaume qui l’emportent. À travers des alternances de joie et de tristesse, comprendre comment je vais pouvoir aimer et servir Dieu davantage. Davantage est un mot important dans la spiritualité ignatienne : aimer davantage, servir davantage de façon concrète.
Pour lire l’article en entier, Reflets n° 48 pages 69 à 71
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