Je suis à l’image du monde : je suis malade.

On m’a diagnostiqué une maladie grave, cancéreuse. Je suis à l’image de la terre. Mais le diagnostic pour la terre n’est pas encore entendu. Mon Dieu, je sais que tu ne me punis pas. Et tu ne punis pas la terre, la pauvre ! Ce serait une vision stupide. C’est la vie qui est appelée. La maladie me propose un SUR-saut pour vivre. La maladie de la terre indique que les hommes doivent passer à un autre niveau pour sauver la terre.
Elle ne peut plus absorber l’ancien mode de vie. Il a été juste un temps. Maintenant la maladie signale qu’il est devenu faux. Je suis malade pour bousculer ma vie. Non pas moins de ceci ou de cela. Au contraire, de plus en plus. De plus en plus aimer.

Mais aimer, c’est quoi ? Et comment m’y prendre ? Cette question m’a habité depuis si longtemps. A l’adolescence, je cherchais la réponse dans la Bible ou les Textes sacrés d’Orient sans trouver la clé. J’ai posé la question à Gitta Mallasz, dans l’intimité de sa petite maison à Tartaras. - « Et toi Gitta, peux-tu tout aimer ? » Gitta, après un temps de silence, m’a gravement répondu : - « Non ! J’ai connu le nazisme, le communisme. Je ne peux pas TOUT aimer. Mais toi,…VOUS, vous pouvez tout aimer ! VOUS, c’est vous aussi, cher lecteur !

Je l’ai posée, sous d’autres formes, cette question à Bernard Montaud. Et il a accompagné mon chemin de vie depuis 25 ans, comme Gitta avait accompagné la sienne. La réponse est dans la pratique. Quelle pratique ? Peu importe les rites, l’emballage. La pratique c’est accueillir les petites choses qui nous arrivent, qui nous contrarient. Parler au petit enfant qui a mal au-dedans, dans notre poitrine. Le sourire qui apparait fait naître un autre homme. N’est-ce pas cela l’Eucharistie ? N’est-ce pas cela la résurrection ? Alors, après 25 ans d’apprentissage, la vie me dit : Tu es prêt pour commencer à vraiment aimer. Tu vas l’expérimenter ; l’épreuve est plus forte, à la hauteur de ta demande. N’est-ce pas ce dont a besoin la Terre ? N’est-ce pas cela qu’elle nous indique ? Il est l’heure de s’y mettre vraiment.

Christian Rœsch