Certains pays européens dont la France se posent la question de poursuivre leurs livraisons d’armes vers l’Arabie saoudite engagée dans le conflit yéménite. Un traité des Nations unies, dont la France est signataire, interdit l’utilisation des armes contre des civils ou des biens civils protégés
Le Traité sur le commerce des armes classiques (TCA) a été adopté par les Nations unies en avril 2013, il est entré en vigueur dix-huit mois plus tard, le 24 décembre 2014. Il contient un certain nombre de règles qui visent notamment à stopper la circulation d’armes à destination de pays dans lesquels on sait qu’elles serviraient à commettre ou à faciliter un génocide, des crimes contre l’humanité ou d’autres atteintes graves aux droits humains. L’article 6 de ce traité stipule aussi que c’est lors de l’autorisation de livraison que doit être pris en compte ce risque humain. Aujourd’hui la France est le troisième pays exportateur d’armes dans le monde, après les USA et la Russie. L’Arabie saoudite, son deuxième meilleur client derrière l’Inde et devant le Qatar, a commandé en moins de dix ans 11 milliards d’euros d’armes.
La guerre qui sévit actuellement au Yémen est au départ un conflit tribal et confessionnel, interne à ce jeune pays créé en 1990. Désormais, l’enjeu est régional et implique deux puissances voisines : l’Arabie saoudite et l’Iran. Le Yémen est devenu un champ de bataille avec sa population qui sombre dans la violence, la faim et les maladies, en particulier le choléra.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a souligné en 2017 dans un communiqué ‒ sans citer nommément l’Arabie ‒ que plus de 8 000 enfants au Yémen avaient été tués ou mutilés dans des conflits en 2016 lors d’attaques inacceptables. En février 2018, l’ONU dresse un bilan des pertes civiles, il dépasse les 10 000 morts depuis un an et demi. Le blocus du pays par les puissances arabes a provoqué la « pire crise humanitaire de la planète » selon les Nations unies. Sept millions de personnes, soit un quart de la population, sont au bord de la famine ; un million d’entre elles ont été touchées par le choléra. Le 9 août 2018, les frappes aériennes à Dahyan contre un bus civil provoquent un scandale international en tuant 29 enfants (sur un total de 51 morts).
Selon un rapport remis aux élus du Congrès des États-Unis le 12 avril 2018 par les services de renseignement militaire, 22 millions de yéménites sur 30 au total se trouvent en situation de risque humanitaire. Selon les chiffres avancés par l’ONU en mars 2018, 22,2 millions de yéménites ont besoin d’aide humanitaire.
Article issu partiellement ou en totalité de l’article de Wikipédi intitulé « Aftermath of the 2014–15 Yemen coup d’état »
Certains observateurs accusent l’Arabie saoudite de se livrer à un véritable génocide de la population. La coalition arabe (Émirats arabes unis, Égypte, Soudan, Maroc) engagée dans la guerre au Yémen sous la direction de l’Arabie saoudite figure pour la première fois, en 2017, sur une liste de l’ONU dénonçant les pays et entités commettant, lors de conflits, des exactions contre des enfants.
En 2018, certains pays européens se demandent si un embargo sur les livraisons d’armes envers l’Arabie et les membres de la coalition ne serait pas nécessaire.
Bien entendu, cette affaire prend une nouvelle ampleur avec l’assassinat récent du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. Ce dernier, réfugié aux États-Unis depuis 2017, publiait dans le journal The Washington Post des critiques envers le prince Mohammed ben Salmane Al Saoud.
Pour lire l’article en entier, Reflets n° 30 pages 14 et 15