L’amitié semble difficile à cerner tant le sujet est vaste.
Procédons par élimination.
Nous pouvons parler d’amitié avec Dieu, avec le ciel, avec le monde, avec les animaux… cela reste indéfini. L’amitié se précise avec nos alter ego, les humains.
Un ami n’est pas un membre de la famille sinon c’est un frère, une sœur.
Ce n’est pas l’époux, l’épouse.
Ce n’est pas non plus un chercheur spirituel avec lequel nous partageons des expériences inhabituelles, c’est un frère, une sœur de chemin.
Ce n’est pas non plus notre maître spirituel, notre mentor : trop de respect empêche de laisser libre cours à notre personnalité.
Il reste beaucoup de monde susceptible d’être ami :
des anciens copains de classe au voisin de palier.
Et pourtant, il n’y en a pas tant que ça.
Si pour le moment, je ne peux pas dire ce qu’est un ami,
je peux m’interroger sur ce que je cherche à travers ce concept d’amitié.
Il me vient que je dois pouvoir me confier avec sincérité. J’espère pouvoir compter sur lui en cas de besoin. J’ai plaisir à le voir, à le revoir, je le reçois sans réserve. J’apprécie son épouse, et j’accepte aussi sa famille, son contexte.
En écrivant ces critères, l’image d’une personne précise se fait jour : voici un vrai ami.
En pensant à lui, je découvre des caractéristiques qui me surprennent :
il a des idées politiques à l’opposé des miennes. Et pire, il est athée alors que je suis croyant.
Nous avons un point commun certain : il est aussi colérique que moi !
Beaucoup d’autres relations ont ces caractéristiques et pourtant nous ne nous fréquentons pas avec un tel plaisir.
Ce qui fait notre amitié,
c’est que nous sommes capables de surmonter nos différences.
Bien sûr, nous nous confrontons sur les sujets qui animent toutes les conversations courantes : la vie sociale, la hausse des prix, la politique, le dérèglement climatique et j’en passe. Mais nous savons nous arrêter avant que le ton ne dégénère, et si c’est le cas, nous sommes capables de revenir l’un vers l’autre.
Nous nous entendons bien
sur d’autres sujets, comme la cuisine, les loisirs, si bien que nous avons passé de nombreuses vacances ensemble – nous nous connaissons depuis quelques décennies – car la bonne entente s’élargit à nos épouses.
Qu’est-ce qui caractérise cette amitié ?
Nous pouvons nous opposer,
voire nous affronter dans certaines limites et effacer la dispute, puis en rire. Ainsi parvenons-nous à un sentiment noble et réciproque :
il a le droit de penser ainsi, d’être ainsi. Il n’y a pas de supériorité chez l’un ou l’autre. Sans pouvoir l’expliquer nous tenons l’un à l’autre.
Sans nous en rendre compte, nous pratiquons cette vertu essentielle de la vie spirituelle qu’est la miséricorde.
L’amitié serait-elle un apprentissage laïc, sans instruction,
de cette activité spirituelle fondamentale, sans en avoir conscience, comme une pédagogie divine ?
Est-ce que la recherche de l’amitié serait le premier pas dans l’apprentissage de liens différents que par la sexualité ? Si nous sommes capables d’être bien avec une personne différente de nous, serait-ce la démonstration que nous pouvons tisser des liens avec de multiples personnes qui ne nous ressemblent pas ?
Notre personnalité tend à l’individualisme (moi, moi, moi !).
Il serait contrebalancé par notre besoin d’amitié, antidote à notre solitude intérieure.
Un premier ami, comme un premier pas vers la socialisation, et encore plus vers un besoin de se relier à d’autres, de les aider, de servir, d’être utile à l’humanité ?
L’amitié inclut les ingrédients de l’amour.
Pour lire l’article en entier Reflets n°49 pages 20à21
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