La rencontre avec Roland Giraud fut chaleureuse.Comédien passionné par son métier, il se livre en toute simplicité sur sa vie, témoignant de sa foi. Au cours de cet entretien, nous mesurons combien son épouse Maaike Jansen, également comédienne, absente ce jour-là, est malgré tout très présente. Car à travers les mots de Roland Giraud nous percevons leur amour et aussi très fortement combien la foi de sa compagne est une force pour leur couple.
C’est votre fiancée qui vous a amené à la foi ?
Oui, parce qu’elle avait la foi, une foi solide qu’elle a de plus en plus et qui la préoccupe de plus en plus avec l’âge. On va arriver à des périodes sensibles, car on commence à voir beaucoup de monde autour de nous qui meurt, dans notre famille, parmi nos amis. La famille de mon épouse ne m’a jamais forcé à quoi que ce soit. C’est ce qui m’a plu. A force de rester seul à la ferme le dimanche matin, quand ils allaient au culte, je me suis décidé à y aller. J’ai été séduit parce que j’ai rencontré des choses que je savais déjà. Je trouvais le cadre un peu austère par rapport à une église catholique, mais c’était souvent plus chaleureux. Ma foi s’est un peu construite avec l’exemple. J’en ai vu les applications chez mes beaux-parents, chez leurs amis, chez les pasteurs. Je n’étais pas parfait , j’avais quelques petites failles mais pas de failles « passibles de leur loi ». Quand on parlait de l’essentiel, des évangiles ou de l’Ancien Testament, on n’était pas sur le même terrain. Nous, on faisait notre petit chemin et puis notre fille est née. On l’a baptisée naturellement. On l’a éduquée. Mais elle avait ses démons. Elle a eu des problèmes d’alcoolisme quand elle est devenue adolescente, des problèmes de reconnaissance de soi aussi. C’était une fille qui savait où étaient les vraies valeurs, qui était très généreuse jusqu’à ce qu’arrive cette chose épouvantable que l’on n’a toujours pas réalisée. Cet événement n’a pas changé notre foi du tout, au contraire.
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Dans le livre, vous avouez très humblement que le pardon vous est difficile. Votre épouse, elle, est arrivée à pardonner.
À mon avis, ce n’est pas à nous de juger l’assassin, il sera jugé. Bien sûr que je devrais pardonner. Là où j’ai beaucoup de mal, c’est dans les discussions de fond avec des gens, car on ne parle pas de la même chose. Comment puis-je « croire » quand on voit tout ce qui se passe ? Tout se passe mal parce qu’on ne croit pas au message christique. Les gens sont de plus en plus égoïstes. Mieux ils vivent matériellement, plus ils sont égoïstes.
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Le pardon, c’est quand même une base de la résurrection ?
Bien sûr. C’est un chemin tortueux mais il n’y a pas de plus beau chemin pour arriver à la sérénité, pour voir où sont les vraies valeurs.
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Dans votre livre, vous avez une magnifique définition de la foi. Vous dites : « C’est aussi saluer d’avance ce que nous ne pouvons pas concevoir ici et maintenant ». Comment voyez-vous la Vie Eternelle ?
C’est très difficile à dire parce que c’est un état que nous ne connaissons pas. Nous serons ce que nous sommes mais différents, puisque quand le Christ est apparu à ses apôtres, ils ne Le reconnaissaient pas et pourtant c’était Lui. Nous n’aurons aucune des contingences terrestres, donc pas de maladies, pas de douleurs, pas besoin d’une voiture ou d’une moto, mais nous existerons. Nous serons dans un état comme dans un rêve. Quand vous êtes dans un rêve, vous avez l’impression d’être vivant mais les choses sont totalement dissociées. Tout est possible. C’est ce que dit le Christ : si vous croyez totalement, tout est possible. C’est la foi qui déplace des montagnes. Pourquoi des gens réussissent-ils et d’autres pas ? Parce qu’ils ont la foi. Ils ne doutent pas. C’est un travail énorme à réaliser mais on ne peut pas le réaliser dans le confort dans lequel on est, avec les contingences que nous avons.
Pour lire la totalité de l’article…REFLETS 17 pages 74 à 79