PROPRE AU-DEDANS , PROPRE AU DEHORS !
Christian Roesch
REFLETS adhère au « jeûne pour le climat» dont le but est de sensibiliser au changement climatique jusqu’au congrès mondial en décembre 2015. Pour –je cite- pousser les négociations onusiennes sur le climat à l’adoption d’un traité global, contraignant, ambitieux et juste lors de « Paris Climat 2015 ». http://fastfortheclimate.org/fr/
Ce « jeûne pour le climat» est bien différant des autres.
Jusqu’à présent, j’ai expérimenté le jeune occasionnellement dans un but de repos de la fonction digestive. Pourquoi l’ai-je mis en veille ? – Pour découvrir qui je suis quand l’habitude alimentaire est bousculée. Qu’est-ce que cet apparent besoin de manger si ce n’est la peur de manquer ? Bien sûr, l’ego déploie des stratégies diverses pour faire croire que manger est indispensable. Cela va de la sensation de constriction de l’estomac, déclenchée au moment des heures de repas, à la tentative de mal de tête ou à une faiblesse physique parfaitement imaginaire.
L’ amusement tendre devant cette inquiétude du petit moi suffit pour désamorcer ces processus. Quel plaisir de démasquer ce faux manque ! Quel bonheur d’être libre par rapport à cette obligation ronronnant !
Le ventre léger en nourriture matérielle laisse de la place pour la nourriture de lumière. Le dialogue intérieur, cette forme ultime de prière, où la question appelle une réponse au-delà de l’intelligence, celle-ci est une nourriture immatérielle de réjouissance.
A digérer et à transformer en acte de re-union.
Mais le « jeûne pour le climat » est d’une autre nature. Ce n’est pas pour mon corps, ce n’est pas pour mon esprit, c’est pour les autres, C’est pour la terre. C’est pour la vie.
Que me dit « ce qui répond dedans » quand je lui demande qu’est-ce ce dérèglement climatique ?
C’est la somme de nos dérèglements intérieurs qui se manifeste au dehors.
Evidemment il faut faire attention à nos déchets, à notre empreinte carbone, à nos consommations alimentaires ou autres. Mais protéger la vie, c’est promouvoir l’être magnifique que tu peux être à la place de celui qui se contente de sous-vivre. Rempli de déchets d’aigreur, pollué par les colères, ravalant ses jugements destructeurs, se noircissant comme le carbone de ses pensées malsaines, ne se supportant pas. Chacun pense du mal, se veut du mal, se fait du mal. Chacun n’a de cesse de se détruire entrainant dans ce désastre les autres qui ne me comprennent pas, la terre qui m’a mal accueilli et le ciel qui ne m’a pas aidé. Le monde est mon image. A l’image de chacun.
« Ce qui répond au-dedans » me dit qu’en accueillant l’enfant omniprésent qui souffre et qui s’agite comme un pauvre diable mes yeux sur le monde changent. Un autre monde apparait, que nous souhaitons au fond nos poitrines. Le monde que nous voyons, le monde que nous habitons, c’est le monde produit par nos cœurs.
Le « jeûne pour le climat » n’est ni une privation, ni une manifestation plus ou moins spectaculaire, c’est l’occasion d’aller puiser à la source renouvelant toute chose.