Condamné injustement, Roger se retrouve emprisonné dans une cellule de 6 m2, presque borgne, suffocante en été, glaciale en hiver. Il ressent la mort de son frère, tué dans un hold-up, comme un échec et une trahison personnelle de la promesse faite à sa mère.
Le début du chemin : l’amour plutôt que la haine
Du fond de sa cellule, seul, victime d’humiliations quotidiennes, vivant dans une ambiance de haine entre détenus, il découvre la colère qui habite au fond de lui. Celle-ci est incommensurable et lui fait frôler la folie. Dans ces conditions, il lui aurait été facile de se laisser consumer par la haine. Faire souffrir à la mesure de sa propre souffrance, voilà le cycle infernal de celui qui demeure en prison. Plusieurs années lui sont nécessaires pour admettre que la colère et les accusations dans lesquelles il sombre ne le conduiront qu’à sa propre destruction. Un jour, il décide de renoncer à ce cycle mortifère. Plus rien ni personne ne le fera désormais succomber à la haine. Au contraire, il essaiera de comprendre, de pardonner et d’aimer tout événement aussi injuste soit-il. « Un après-midi, je devins tellement plein de colère et ma poitrine me faisait tellement mal que je pensais que j’allais mourir. Je me couchai sur mon lit, fermai les yeux et je demandai à Dieu de m’aider. Je ne pouvais pas le faire seul et en même temps je ne pouvais pas continuer à vivre ainsi. Et à ce moment-là, j’entendis une voix qui me parlait à travers le temps, chaleureuse, caressante, pleine de compréhension et remplie d’amour. Et cette voix était celle de ma grand-mère qui me disait : « Roger Wayne, tu ne peux toucher le cœur, mais le cœur peut te toucher. Laisse-le te toucher. Laisse-le te guérir. Prie et ouvre ton cœur afin que l’Amour se fasse entendre. » Se remémorant les moments importants vécus avec elle, il se rend compte qu’elle lui a appris le pardon sur lui-même et les autres, il met en pratique le droit de se tromper. Elle lui répétait sans cesse : « Mon garçon, si tu laisses ton cœur fermé au monde, le monde te laissera son cœur fermé. » Il décide donc d’arrêter de se plaindre et trouve en toutes circonstances une bonne raison de remercier pour ce qu’il a.
Il n’y a pas de honte à être gentil !
Depuis ce jour, il cherche la paix, il se met à prier, pour ouvrir son cœur. Il ne s’adresse pas à un dieu en particulier, car sa foi est libre. Sa grand-mère est devenue la confidente invisible de son cœur. Il tente de voir un enseignement en toute chose, même avec les insectes qu’il voit dans sa cellule : « Je ne les tue pas, parce que la même force qui m’a donné la vie, leur fournit aussi la leur. Tout ce qui existe a été placé ici pour une certaine raison. Je permets aux insectes d’avoir leur espace, et j’ai le mien. Les insectes m’apprennent des leçons. J’observe quelle force immense il faut pour rester en vie et exister. Leur courage me donne de la force. »[1] Se souvenant que sa grand-mère lui a aussi enseigné qu’ « il n’y a pas de honte à être gentil », Roger décide de mettre en pratique l’art de la bénédiction, l’art de bénir toutes choses, même ses bourreaux quotidiens, car bénir les autres, c’est se bénir soi-même. Alors, peu à peu, au lieu d’être responsable par culpabilité, il devient responsable par tendresse envers les autres.
Chaque épreuve peut devenir une bénédiction
Son attitude nous enseigne qu’une autre réponse est possible : à travers un choix responsable, triompher de la haine en toutes circonstances. En effet, au cœur de chacune de nos vies pouvons-nous toujours choisir ce qui nous rend meilleur. Nos épreuves, même injustes en apparence, sont des opportunités d’être meilleur. La plus grande d’entre elles peut devenir notre plus grand défi, car nous nous construisons en traversant des expériences qui sont des enseignements, et finalement tout peut devenir une bénédiction si nous percevons l’enseignement que la vie nous adresse dans ce qui nous arrive. Ainsi, il reconnaît : « J’ai traversé tant d’épreuves en apparence injustes. Mais j’ai tellement gagné en expérimentant la victoire sur ces souffrances. »
[1]. Roger McGowen et Pierre Pradervand, Messages de vie du couloir de la mort, éditions Jouvence.
Pour lire l’article en entier, REFLETS 36 pages 28 à 30