En Italie, on discute un projet de loi pour punir les « pratiques de conditionnement de la personnalité », manipulation mentale ou lavage de cerveau, avec circonstances aggravantes si elles sont exercées par des groupes qui profitent de la dépendance psychologique des personnes, ou sectes.
Juriste et sociologue italien, Massimo Introvigne a fondé en 1988 le CESNUR, Centre pour l’étude des nouvelles religions (CESNUR – Center for studies on new religions), en collaboration avec les historiens Jean- François Mayer et John Gordon Melton, et la sociologue Eileen Barker. Cette association internationale d’étude du pluralisme religieux et des « nouveaux mouvements religieux » a son siège à Turin et compte parmi ses membres plusieurs spécialistes de sociologie et d’histoire des religions.
Les spécialistes des « sectes » ou des nouveaux mouvements religieux y sont-ils opposés ?
Oui, en grande majorité. Des spécialistes italiens connus et les plus grandes organisations internationales de sociologues et d’historiens des religions ont signé il y a plusieurs années, un appel dans ce sens. Les quelques chercheurs qui ont des positions différentes se comptent sur les doigts de la main.
Pourquoi se fier aux chercheurs plutôt qu’aux victimes des sectes qui soutiennent le projet de loi ?
Pour cinq motifs. 1) Les « sectes » fonctionnent comme des portes battantes : beaucoup y entrent, mais beaucoup en sortent. Les anciens membres de mouvements religieux controversés sont des millions. Les centaines ou milliers qui protestent ne constituent donc pas un échantillon représentatif. D’après certaines recherches, 85% des anciens membres ne sont pas hostiles aux mouvements qu’ils ont quittés, ils se retirent dans la vie ordinaire tout en reconnaissant dans leurs expériences passées des aspects aussi bien positifs que négatifs. 2) Ceux qui protestent se positionnent différemment : ils se font entendre, envoient des emails, contactent des parlementaires. 3) Pire : l’échantillon est sélectionné par des associations antisectes dont l’action est hostile aux groupes qu’ils définissent comme des sectes. 4) Personne ne se ferait ,une idée de l’Eglise catholique seulement d’après ce qu’en disent les anciens prêtres qui ont quitté le sacerdoce. 5) Même dans les cas réels d’abus, il n’est pas dit que les opinions des « victimes » sur les méthodes de lutte contre les « sectes » soient plus justes que celles des experts.
Donc vous admettez l’existence d’abus et de violences de la part de mages ou gourous escrocs ? Face aux horreurs commises, comment ne pas être favorable à une loi contre les sectes et la manipulation mentale ?
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