Le mouvement des Gilets jaunes – symptôme de la montée de l’individualisme ? – souligne un malaise général bien au-delà de ses participants. Dès le départ, il a reçu une bienveillance populaire tant qu’il se révélait porteur d’un coup de semonce vis-à-vis de l’État, consistant à mettre un terme à ce sempiternel dialogue de sourds entre les cénacles décisionnels et les citoyens. Alors qu’en est-il aujourd’hui de la signification de ce mouvement qui s’effiloche mais qui perdure ?
Une des causes du désintérêt semble se trouver dans la diversité sociologique des manifestants
Après un temps de recul, le Gouvernement a adopté un profil de désamorçage en mobilisant des moyens financiers d’une réelle envergure, lesquels, s’ils ont reçu l’assentiment d’un grand nombre, ont été considérés par d’autres comme un moyen spécieux à double-face. Une des causes du désintérêt semble se trouver dans la diversité sociologique des manifestants et surtout dans celle des revendications dont certaines, trop onéreuses ou peu rationnelles, voire quelque peu fantaisistes, n’ont à l’évidence pas obtenu gain de cause.
Une autre réponse à cette désaffectation pourrait venir d’une forme de lassitude et d’un éloignement citoyen au vu de dérives et d’exactions ressenties comme inacceptables.
De quoi est constitué le noyau dur du mouvement qui s’obstine à manifester ?
Est-il encore à « motivations variables » aussi peu convergentes qu’au début ? Il est assez probable qu’aux côtés des « plus pugnaces », plus ou moins désenchantés, se côtoient des participants ayant simplement trouvé un moyen de rencontrer une convivialité commode et une camaraderie sécurisante.
Ce phénomène protestataire marque cependant une résistance indéniable qu’il serait imprudent, pour le Gouvernement, de tenir en simple anecdote. Ce mécontentement encore bien vivace en relaie un autre d’une nature plus profonde, qui concerne cependant un nombre non négligeable de citoyens. En effet, au-delà de la présence sur les ronds-points, nombre de personnes restent solidaires ou sympathisantes du mouvement.
La crise des Gilets jaunes n’est-elle pas la fraction émergée d’un problème de société bien plus étendu ?
Si tel est le cas, elle constitue une pression à l’attention de la présente législature pour s’atteler véritablement aux causes de ce malaise général. Les Gilets jaunes attendent autre chose que de simples retouches circonstancielles.
Il est indéniable que la population moyenne dite laborieuse est en prise avec une inquiétude et un désarroi face aux défis technologiques, à la mutation induite et majeure du monde du travail dans un horizon assez proche. S’y adjoint une autre inquiétude plus immédiate : la remise en cause de ses acquis et l’incertitude latente de ses moyens de subsistance à l’âge de la retraite.
Pour lire l’article en entier, REFLETS n ° 34 pages 10 et 11