Frédérique Pichard :
les dauphins sont des guides
La rencontre est chaleureuse et immédiate. Une certaine connivence s’établit sans effort. Sa sincérité, sa conviction donnent une chaleur à la mission qui lui est échue. Nous avions été interpellés par son livre Dialogue avec un dauphin, paru aux éditions le Souffle d’Or, dans lequel elle relate la rencontre qui a bouleversé sa vie avec Dony, dauphin ambassadeur venu rencontrer les hommes. Dony et ses congénères ont joué auprès d’elle le rôle de guides. Depuis, elle a créé l’institut Dony pour étudier et protéger les dauphins ambassadeurs et l’ensemble des cétacés. Nous avions envie d’en savoir plus. Frédérique Pichard est naturopathe et relaxologue de profession, spécialisée dans la thérapie par les élixirs floraux.
Quel a été votre parcours ? Avez-vous été préparée à votre rencontre avec Dony le dauphin, essentielle pour votre vie ?
Oui, la vie m’y a préparée. Depuis l’enfance, je suis très touchée par le règne animal, grâce à mon père. Tous les étés, à Luc-sur-Mer, ma sœur aînée et moi rêvions autour d’un squelette de baleine échoué dans le parc de la mairie. Plus tard, mon premier métier a été la danse, mais c’était trop dans la compétition. Puis mon rêve a été de voyager, et je suis devenue guide touristique. Dès l’âge de vingt-deux ans, pendant dix ans, j’ai fait le tour du monde. Durant ces voyages, certaines agences organisaient une rencontre avec des dauphins. Je refusais d’y aller parce qu’ils étaient en captivité. Un jour, en Polynésie, une petite voix m’a dit : « Pourquoi ne viens-tu pas puisque nous sommes là ? » C’était la troisième fois que je résistais. Je suis allée rencontrer un dauphin qui vivait en semi-liberté dans l’hôtel. Cette première rencontre m’a bouleversée. Je n’ai pas cessé de pleurer pendant une demi-heure. Pas de tristesse : c’était comme une réminiscence, comme si le regard du dauphin m’avait ramenée à une mémoire qui me bouleversait. J’en suis restée là, jusqu’à ce voyage à Cuba en catamaran où il était proposé de se mettre à l’eau au contact des dauphins. Après que tous les participants furent passés, une dauphine m’a regardée d’une façon très particulière, comme si elle captait quelque chose de mon âme. Je me souviendrai toujours de ce regard. Tout le monde m’attendait à bord du bateau : elle m’a happée dans un espace-temps que je n’ai pas contrôlé. Soudain, je me suis réveillée et je suis allée retrouver mon groupe.
LES DAUPHINS DOIVENT ÊTRE LIBRES ET SAUVAGES
Dès lors, j’ai choisi d’aller les voir pour soutenir ces dauphins en captivité. Il est aberrant d’enfermer ces êtres, les dauphins doivent être libres et sauvages. Je suis ravie qu’on mette un terme à leur captivité, en France en tout cas. Mais certains, dans ces centres-là, participent aussi au réveil des consciences. Quelques-uns sont en dépression, se laissent mourir, mais d’autres disent qu’ils ont de la joie à apporter aux humains, et acceptent leur rôle. Avant Dony, il y a donc eu toutes ces rencontres qui ont réveillé quelque chose en moi ; elles m’ont préparée à rencontrer les dauphins venus à côté de chez moi, au moment où je devais partir vivre en République dominicaine. Finalement, j’ai changé mes projets : je ne pouvais pas passer à côté de ce rendez-vous.
Vous considérez les dauphins et les baleines comme des guides pour l’humanité et pour vous-même ?
C’est ma vérité, mon expérience. Je n’ai plus aucun doute. J’ai des certitudes sur l’éveil des baleines par rapport aux humains. Dony est l’être qui m’a le plus touchée dans ma vie. Les animaux n’ont pas de langage, les mots s’effacent, on n’est plus dans l’interprétation, on est dans cet espace du silence, de regard à regard et d’âme à âme. Les chats, les chiens, tous nos animaux domestiques sont très proches pour nous aider à percevoir cela. Dony a été tout de suite à l’essentiel : il a vu ce qui, en moi, avait besoin d’être transformé au niveau émotionnel. À la première initiation dans l’eau, il m’a dit par télépathie : « Tu as peur de la mort. » J’étais convaincue de ne pas en avoir peur, et en fait si. Et il m’a montré ce qu’était ce passage de la vie à la mort, comme un endormissement. Il s’est mis sur le dos, m’a entourée de ses deux nageoires et m’a entraînée tout doucement en état alpha, – ils vivent en permanence dans cet état mi-endormi mi-réveillé, où les ondes cérébrales ralentissent, permettant de percevoir beaucoup plus de choses. En fait, par ce ralentissement il m’a montré que le passage de la vie à la mort pouvait être très doux, mais aussi être la source d’autres peurs. La peur fondamentale de la mort était la source originelle de mes autres peurs. Je n’en ai plus ressenti aucune pendant un an. Mais j’ai compris que c’était ponctuel : un moment de grâce, où la vie est plus facile et où l’on gagne de l’énergie.
(…)
Pour en savoir plus… www.institutdony.org
Pour lire l’article en entier, REFLETS n°36 pages 69 à 73