Dr Jean-Patrick Chauvin
Signes, diagnostic, traitement, telle est la démarche qui est enseignée aux futurs médecins lors de leurs études en faculté et à l’hôpital. Celle-ci consiste à collecter les symptômes par l’interrogatoire et l’examen clinique. Des aides technologiques (biologiques, endoscopiques, ou radiologiques) viennent compléter cette recherche afin de porter un diagnostic de maladie et de déterminer un traitement pour les soigner. Mais aujourd’hui ne serait-il pas nécessaire de se poser la question de l’humain qui s’exprime à travers sa maladie ?
Ce qui se joue dans cette rencontre avec la maladie, pour le malade qui la vit et pour le médecin qui y assiste, n’est-il pas finalement ce qui se joue aussi dans notre système de santé actuel ?
Notre système de santé tousse de plus en plus, mais qu’est-ce qui s’exprime à travers tous ses symptômes ? Ces symptômes sont de différents ordres. L’un est chronique et amplifié par la crise du monde moderne, c’est l’éternel déficit de la Sécurité Sociale. Insuffisance de recettes certes, mais aussi excès de dépenses. L’autre est éthique, comme en témoignent les « affaires », telle l’affaire du Médiator (voir la rubrique santé du Reflets N°1) ainsi que d’autres affaires ayant un temps alimenté les médias et les débats au sein du monde de la santé (pilule, prothèses mammaires et autres). À la jonction des deux se situe le débat sur les « dépassements d’honoraires » (voir rubrique santé de Reflets N°7).
La santé se consomme surtout sur ordonnance
Mais il existe aussi des symptômes d’ordre sociétal, en particulier la question de la répartition des soignants sur notre territoire, sans oublier celle de l’accès aux soins pour tous. Enfin, certains symptômes sont fondamentalement humains, comme le burn-out des soignants et le taux de suicide élevé dans ces professions, mais aussi la surconsommation de médicaments psychotropes. Plus que les autres, ces symptômes-ci vont ouvrir à la question de la souffrance, de la maladie et de leur sens…
Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, la santé est un bien de consommation. La santé se consomme surtout sur ordonnance. On va chez le médecin avec sa maladie pour avoir un traitement qui restaure l’état de « bonne santé »…
... Lire la suite... Revue Reflets n°8 -Rubrique dossier – pages 22 à 24