L’avenir des retraites, en France, est un problème aigu qui mobilise les politiques, les syndicats, la société civile. Notre propos n’est pas de prendre parti. Chacun défend ses intérêts, à travers un groupe ayant des intérêts communs. Mais le problème des retraites ne cache-t-il pas celui du travail?
Le monde change.
La société change.
En France, les bases anciennes, qui ont fondé la retraite par répartition, sont ébranlées. Le socle des retraites c’est le travail. Or le travail change dans ses modalités et sa finalité.
Il est banal de dire que l’arrivée du numérique
a envahi tous les domaines professionnels. Il tend à remplacer la compétence professionnelle par l’accumulation de savoir. Le cloud serait censé répondre mieux que l’humain dans maints domaines : par exemple dans le diagnostic médical et le choix de traitement. La Covid, avec le confinement et le télétravail, a rebrassé les cartes encore plus largement.
La conséquence importante
est que le travail a perdu sa place centrale comme valeur de l’existence.
Auparavant, toute la vie s’articulait autour. La scolarité est préparation au travail, puis vient le travail donnant la place sociale. Il représente la majeure partie de l’existence. Puis vient la retraite, repos de l’activité laborieuse.
Aujourd’hui, le travail devient seulement le moyen provisoire
d’avoir la capacité de vivre des activités intéressantes par ailleurs. Il n’est plus sacrosaint : il ne mérite plus qu’on s’y épuise, qu’on y perde la santé, qu’on s’y ennuie, qu’on obéisse stupidement, qu’on y fasse des activités sans intérêt.
Par l’expérience tirée du chômage des parents
dans les deux décennies précédentes, on n’a pas peur de démissionner, de quitter un emploi, avec l’idée d’en retrouver quand on en a besoin.
Le travail n’est plus la seule motivation de toute une vie.
D’autres valeurs émergent, en particulier, le désir de bien vivre. Les loisirs, le sport prennent des places croissantes ainsi que la vie familiale, la nourriture (voir le nombre d’émissions culinaires à la télé), le bricolage, l’attention au corps (yoga, danse, gym en tous genres). Et une « valeur » s’impose surtout depuis le confinement : la paresse. La place des écrans regardés passivement devient la nouvelle drogue. Cette sujétion frise l’abrutissement.
Dans ce glissement, la place du travail se restreint à un temps de « mal-vivre »
nécessaire pour s’offrir le « bien-vivre ». Ce n’est plus le lieu de l’accomplissement de la personnalité : le travail bien fait, l’obéissance, la ponctualité, la responsabilité, le respect de la hiérarchie, la conscience professionnelle sont devenus ringards, désuets et caduques.
La personnalité s’épanouit ailleurs.
De plus en plus l’attention au « bio » s’accroît, ainsi que la consommation et les dépenses énergétiques (vélo et trottinette en ville), et de manière générale, l’intérêt pour l’écologie. Ajoutons le développement personnel pour essayer de mieux vivre avec soi-même.
Malgré la montée de ces nouvelles valeurs,
on sent qu’il manque quelque chose. La relation aux autres devient de plus en plus tendue, aggravée par les modèles que propose le monde virtuel. Difficultés conjugales aboutissant à la séparation. Complexité de l’éducation des enfants. Conflits de voisinage. Problème des drogues lié au pouvoir des bandes qui en font le commerce. Conflits sociaux et conflits de nations qui ne cessent de croître dans le monde.
Il est évident que des valeurs fondamentales ne sont pas enseignées dans la société civile et, de mal en pis, dans les religions. La bienveillance, l’altruisme, la miséricorde, l’amour de l’autre manquent terriblement. Ce sont les vrais antidotes à la haine et à la violence. Aucune loi, aucune répression, aucune morale ne peuvent donner le même résultat.
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