Les religions face à Dieu
Cardinal Roger Etchegaray
Dans l’histoire des religions, la rencontre d’Assise du 27 octobre 1986, voulue par le Pape Jean-Paul II, est un point de référence incontournable. Elle a été un événement unique dans son originalité et par son exemplarité, mais comme souvent on en mesure l’importance après coup.
Assise avait un objectif précis, celui de la paix par une prière non point commune mais exprimée par chaque religion dans un site commun, à l’abri de tout syncrétisme
Né en 1922, Roger Etchegaray est originaire du pays basque. Il fut ordonné prêtre en 1947, puis nommé évêque, archevêque de Marseille ; il fut créé Cardinal par Jean-Paul II en 1979.
Pendant plus de 20 ans, il fut l’un des principaux collaborateurs du pape polonais. Il fut le délégué spécial du pape pour organiser la rencontre inter religieuse d’Assise en 1986.
La pluralité religieuse ne s’impose pas seulement comme un fait massif, mais elle se présente comme un mystère où trop peu de gens encore voient un projet particulier de Dieu.
Nous entrons dans une nouvelle donne géo-religieuse et non dans le foisonnement d’une religiosité hors-piste qui réduirait la religion à un menu à la carte selon les goûts ou les intérêts de chacun. L’homme, note un théologien, est rapidement religieux, mais lent à croire. Ce vrai dialogue entre les religions nous hisse loin de toute subjectivité, au niveau même des croyances, sans lesquelles aucune autre Rencontre d’Assise ne serait possible. Grande est la responsabilité des leaders des communautés religieuses, car ils ne sont pas de purs figurants.
La rencontre entre les grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam) semble désormais mieux nouée, mais le dialogue avec les sagesses orientales nous trouve encore « désorientés ».
Plus que long est le chemin qui s’élargit depuis Assise. Plus que d’interreligieux, il s’agit avant tout de préconiser le dialogue « intra-religieux », celui qui nous pousse davantage au-dedans de nous-mêmes tout chargés des interrogations jaillies de la rencontre des autres religions. Balbutiant, vacillant, déçu ou trahi par ses propres actions, l’homme d’aujourd’hui attend beaucoup de l’Église, bien plus qu’il ne l’avoue et même ne le pense. Telle est mon expérience, alimentée par toutes mes rencontres à travers le monde.
Je me souviens des paroles martelées par le pape Jean-Paul II à l’aéroport du Bourget lors de sa première visite en France le 1er juin 1980 : « Le problème de l’absence du Christ n’existe pas. Le problème de son éloignement de l’homme n’existe pas… Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours partout : le problème de notre présence auprès du Christ, de notre permanence dans le Christ ».
(…)
Lire la suite Reflets n° 19 pages 30 à 31
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