Les JO, sport, spectacle, dopage , même business
par Maxime Mocquant
Les J.O. de Rio, placés sous le signe de la détection antidopage : mesure efficace ou moyen de se rassurer ?
La fédération internationale d’athlétisme a écarté, pour l’instant, la fédération d’athlétisme de la Russie, des J.O. de Rio pour cause de dopage de ses athlètes et sur le fait que les autorités n’ont pas mis en place de système de contrôle efficace.
La Russie, l’Espagne et le Brésil sont dans le collimateur de cette fédération par l’intermédiaire de l’agence mondiale antidopage. Les responsables de l’athlétisme se donnent les moyens de montrer au monde qu’ils donnent priorité à la lutte antidopage. Mais comment en même temps promouvoir les performances des athlètes, mettre en avant les records mondiaux à battre et lutter contre le dopage, celui-là même qui va donner les moyens aux sportifs de battre ces mêmes records ?
Depuis le 1er janvier 2016, quatre-vingt-dix-neuf athlètes de tous sports ont fait l’objet d’un contrôle positif au Meldonium. Ce médicament, originellement prévu pour soigner le cœur, a été détourné au profit des sportifs. Mis sur la liste rouge de l’AMA (agence mondiale antidopage), de nombreux sportifs ont été pris la main dans le sac. Course aux records, course au spectacle, les enjeux financiers sont colossaux. Le sport spectacle fait partie de notre monde du « toujours plus » : plus vite, plus loin, plus fort. Les spectateurs et clients des médias traditionnels (journaux) aux plus modernes (TV, internet, réseaux numériques) attendent de leurs sportifs plus de résultats, plus de performances. Non seulement se dépasser, mais battre des records.
(…)
L’agence mondiale antidopage contrôle les athlètes par rapport à une liste de produits. Elle a donc forcément un temps de retard. Beaucoup de nouveaux produits, médicaments sont mis sur le marché tous les ans, ayant comme objectif de soigner, mais aussi d’améliorer le fonctionnement des organes en vue de guérison. Les utiliser, alors qu’ils ne sont pas sur la liste interdite, n’est donc pas répréhensible, mais seulement jusqu’à ce qu’ils soient identifiés sur des sportifs et mis sur la liste des produits dopants. Notre société du toujours plus ne peut pas mettre de limite. Les tentatives de moralisation, destinées à faire croire qu’il y en a, sont vouées à l’échec. Tout au plus, elles permettent de rassurer le public. Les athlètes pris la main dans le sac sont livrés à la vindicte populaire par les médias. Ainsi tout semble en ordre,
(…)
Les sportifs, manipulés par leur entourage soucieux des aspects financiers, continuent de jouer avec les règles, la société en demandant encore plus. Et les médias semblent étonnés quand éclate une nouvelle affaire dont ils sont si friands.
La poursuite de la performance à tout prix, dans le sport, n’est que le reflet de la guerre qui sévit dans le monde économique, politique, financier où il s’agit « d’écraser l’adversaire », d’être meilleur que lui, pour empocher « le gros lot ». Il n’est pas étonnant que les compétiteurs recourent à tous les moyens. Dans le sport, cette recherche du « toujours plus » implique des moyens financiers, une technologie de pointe et évidemment de jouer avec les règles. Doper le corps fait partie des moyens, à la frontière de ce qui est autorisé et de ce qui est interdit, et de ce qui n’est pas encore interdit car pas encore reconnu, donc pas détectable. Dès lors, la course contre le dopage semble être une course sans fin et le dopage s’avérer indissociable du sport.
La gagne à tout prix se retrouve partout. Si bien que le dopage corrompt même le sport amateur chez les jeunes. Par identification à leurs idoles, dans l’espoir d’arriver à un niveau qui offre la célébrité et les gains afférents, ils succombent facilement aux propositions omniprésentes. Pour émerger du lot, tous les moyens sont bons.
Pour lire l’article en entier, Reflets n° 20 page 8
*************************************************************************