Les ingrédients d’une vraie bonne santé
Bernard Woestelandt
Médecin homéopathe, Bernard Woestelandt possède par ailleurs un diplôme d’études approfondies en psychothérapie ainsi qu’un diplôme de troisième cycle en bioéthique, éthique médicale et éthique de la recherche sur l’homme. Il a écrit un certain nombre de livres dont les principaux sont De l’homme cancer à l’Homme Dieu, Je le pansais, Dieu le guérit et L’Avenir, plus beau que tous les passés où il raconte son parcours de médecin, d’homme et de chercheur.
Chaque année, en janvier, nous avons l’habitude de souhaiter autour de nous : « Bonne année ! Bonne santé ! », en croyant souvent très naïvement qu’être en bonne santé, c’est ne jamais tomber malade ! Eh bien ce n’est pas l’avis du sociologue Georges Canguilhem qui écrivait : « Sans intention de plaisanterie, la santé c’est le luxe de pouvoir tomber malade et de s’en remettre. » Il nous appelle, par cette provocation, à philosopher, c’est-à-dire à nous questionner, nous interroger sur ce que nous pensons à propos de notre bien le plus précieux : la santé. Dans le traité De la Bienséance, Hippocrate, le père de la médecine, nous appelle lui aussi à philosopher : « Il faut rallier la philosophie à la médecine et la médecine à la philosophie, car le médecin philosophe est égal aux dieux. » Aujourd’hui ce ne sont malheureusement pas les philosophes qui deviennent médecins mais les scientifiques. Ainsi, la médecine a péché en oubliant que l’homme est une personne, une et indivisible. Elle a privilégié le corps physique en le découpant en mille parties et a dû, par là même, former un grand nombre de médecins techniciens devenus ignorants du mystère de la personne. L’œuvre de santé en deviendra obligatoirement incomplète et nécessairement dépendante de béquilles qu’il sera de plus en plus difficile de soustraire. Cela ne peut que nous amener à une réflexion sur l’homme, sur la vie, sur le sens d’une existence, sur la souffrance, sur l’humain. Être en « vraie santé » nous oblige donc à philosopher et comprendre tout d’abord que celle-ci n’est pas obligatoirement l’absence de maladie, car nous pouvons être porteur d’une maladie et nous sentir en bonne santé. Inversement, nous pouvons n’avoir aucune maladie décelable et nous sentir malade. Avoir une maladie et être malade, ce n’est pas la même chose. Kant dans Le Conflit des facultés a écrit sur ce sujet : « On peut se sentir bien-portant… mais l’on ne peut jamais savoir que l’on est bien-portant ».
Le médecin n’est pas un garagiste,
ni l’homme un assemblage de pièces mécaniques
Ces quelques remarques font de la santé « un objet hors du savoir », nous dit Georges Canguilhem. Il devient donc difficile de savoir qui est malade et qui ne l’est pas, ce qui est normal et ce qui est pathologique. L’homme est un être à part dans le monde des vivants et se questionner sur la santé, c’est être obligé de s’interroger sur la maladie, la mort, la vie et en définitive se questionner sur soi-même.
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Pour lire l’article en entier, Reflets n 31 pages 30 à 32